samedi 4 février 2017

Guardamar et le monstre de sable

   Il y a des endroits touchés par la grâce divine et d'autres maudits par la main de l'homme. Le contraire peut aussi arriver et l'inspiration humaine finit par transformer un bourbier en paradis terrenal. Et même parfois tout ce qui précède peut avoir lieu pendant les différents épisodes de la vie d'une ville.




  Mais laissons de côté ces mysticismes pour aller aux données précises. 

   Guardamar del Segura, commune côtière au sud de la province d'Alicante très proche à la frontière avec Murcie, compte quelque 15 mille habitants et se développe sur la base d'un passé consacré à la pêche et à l'agriculture pour subir finalement le sort de la plupart des villages de notre littoral méditerranéen (prendre le train du tourisme balnéaire et générer des revenus).

   Il est placé, comme son nom l'indique, près de l'embouchure du fleuve Segura, qui, après un parcours de 325 km mèle ses eaux douces avec celles de la mer pour créer un ecosystème spécifique d'une certaine importance pour les oiseaux et les poissons.

   Il a fallu que Guardamar, au cours de son histoire, fasse face à une série de catastrophes et malheurs qui auraient fait émigrer à d'autres gens moins enthousiastes. On parlera aujourd'hui du monstre de sable, nom qu'on a décidé d'attribuer au système dunaire qui s'étend le long de son littoral.
  

Système dunaire à présent

   Des dunes, des plages de sable fin, doux, doré... le rêve de n'importe quelle agence de voyages, n'est-ce pas? Donc ce paradis, ou enfer dans le cas qui nous intéresse, a été sur le point d'avaler le village, de le dévorer, littéralement.
  
    Fin du XIX siècle: les habitants de Guardamar s'inquiètent. Les dunes avancent à pleine vitesse, entre 2 et 8 mètres par an, dès la plage vers les maisons. Peu à peu, les parcelles agricoles sont enterrées, les sables ont même enfoncé les toitures de quelques logements. L'avancée est imparable. Le désert grandit, le sable envahit tout. Le village est condamné.


"Rue envahie par le sable. An 1901"

   Il faut trouver une solution, mais, comment ce village, qui, depuis l'époque des musulmans est installé plus ou moins dans le même endroit, est arrivé à une telle situation?

   Eh bien, voilà, on peut dire, sans trop de détours, qu'il y a eu trois raisons qui ont fait naître le monstre de sable.
  • Les forts vents de l'est, très communs dans cette zone, qui poussent le sable vers l'intérieur. 
  • Les crues torrentielles du fleuve Segura érodent tout ce qu'elles trouvent sur son chemin, en emportant des nombreux matériaux vers la mer et qui seront après déposés sur la côte et poussés par le vent de l'est dont on vient de parler. 
  • La déforestation. Afin d'obtenir le bois pour construir les bateaux de guerre de l'Armada espagnole, on a coupé au XVIIIème siècle les forêts qui bordaient le fleuve Segura. De cette façon les terrains se sont depeuplés et les terres sont restées lâches, ce qui a permis que les crues torrentielles du Segura les arrache, les jete à la mer pour qu'elles soient finalement déposées sur la côte grâce aux forts vents de l'est. 
   Voilà l'histoire.

   Hereusement on a trouvé quelqu'un qui allait s'en occuper pendant les 28 ans qui s'en suivirent: l'ingénieur forestier Francisco Mira y Botella. Évidémment, il n'était pas seul; toute la ville a travaillé avec lui pendant toutes ces années sans prendre relâche pour sauver Guardamar.


Buste de l'ingénieur Francisco Mira y Botella

   Francisco Mira avait un plan. D'abord il fallait freiner les apports de sable que la mer lançait. Pour faire cela, il pensa que le mieux c'était de construire une contredune, en laissant le sable s'entasser en première ligne de plage, mais pas plus loin. Il bâtit une clôture avec des planchettes séparées entre elles de quelques centimètres et quand cette barrière était ensevelie, on levait les planchettes; de cette façon les tas de sable continuait à grandir. Quand la contredune a atteint les 4 mètres d'hauteur, on l'a fixée en plantant au dessus des agaves et d'autres herbes; voici le mur qui devait empêcher que la mer continue à vomir du sable à l'intérieur des terres.

Panel de céramique illustrant le processus de création de la contredune 
Passerelle en bois sur la dune en première ligne de plage

   Il fallait maintenant fixer les dunes mobiles qui restaient entre le village et la contredune. Guardamar avait encore pas moins de 800 hectaires de sable à reboiser.

   Cette deuxième tâche allait être longue dans le temps et dure en efforts, mais elle allait permettre aux gens du village de compléter leur maigre salaire de pêcheurs et agriculteurs. Au total on a planté 600 mille pins, 40 mille palmiers et 5 mille eucalyptus. Étant donné qu'il n'était pas possible de faire arriver une telle quantité d'arbres de nulle part, on a crée sur place des pépinières où les plantes étaient élevées. Et après avoir planté les jeunes pins, il fallait les protéger des sables volants avec un tapis de branches qui conservaient l'humidité.

Vue de la pinède dès la forteresse, entre le village et la mer

   Le travail a été démesuré et la volonté de sauver Guardamar vraiment héroïque. 

   Aujourd'hui la pinède de Guardamar est l'une de ses attractions touristiques principales, avec des longues promenades et des trésors archéologiques cachés pendant des siècles sous le sable, comme par exemple un ribat musulman du Xème siècle ou un site Phénicien du VIIIème a. C.  

    Par contre, le monstre de sable n'a été qu'apaisé momentanément. La menace existe encore et la pinède est un être vivant qu'il faut soigner et préserver. Il y a des pins qui tombent malades et peu à peu le sable s'empare à nouveau des lieux. L'urbanisme spéculatif est en partie responsable de l'impact négatif sur cet écosystème fragile.




   Tout reste cependant à voir. 
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dimanche 29 janvier 2017

La palmeraie de Elche

   Elche: on connaît peu de chose de cette ville au sud d'Alicante. Surtout on connait la Dame d'Elche, statue de femme ibère de 2500 ans d'antiquité habitant le MAN (Musée Archéologique National, Madrid), avec ses deux chignons, son peigne et mantille, si typiques de notre costume traditionnel. On a à l'esprit son beau visage, anodin, inexpressif, son regard énigmatique.

   Mais, et la ville? Est-ce qu'on la connaît? 

Vue du Parc Municipal et de l'Hort de Baix dès l'autre côté du "fleuve"


   On peut dire qu'à présent Elche est une ville industrielle, dont l'activité est axée sur la production de chaussures. Elle est, en plus, la troisième ville en importance de la région, après Valencia et Alicante, avec presque 230.000 habitants, à peu de kilomètres de la capitale de la province, qui en a 334.000.

   Les origines de l'Elche qu'on connaît aujourd'hui il faut les chercher à l'époque de l'invasion musulmane (an 711). Ce n'est plus l'Heliké qui a vu naître la Dame dont on parlait au début, non, ça c'est une autre ville (mais la même) à 3 km au sud, dont on parlera à une autre occasion. Aujourd'hui on parlera de la madinat Ils qui a vu grandir la superbe palmeraie, devenue l'an 2000 Patrimoine de l'Humanité.





   Tout ce qui nous est resté semble nous parler d'un plan urbain soigneusement pensé. Les données topographiques (une plaine près du maigre débit du fleuve Vinalopó) et les vestiges des remparts musulmans nous renvoient à une ville au plan rectangulaire, complètement entourée par des plaines maraîchères. Du côté gauche du fleuve sortait un canal qui passait à travers du centre ville afin de fournir les bains publics, le marché, les tanneries, etc. avec de l'eau, et qui, était subdivisé après en différentes branches pour irriguer les palmiers des plaines maraîchères. Ce canal fonctionne encore à présent, bien qu'avec des propos plus modernes.


Fleuve Vinalopó à son passage par le centre ville
   Ce fleuve, ne porte presque pas d'eau; actuellement il n'arrive même pas à la mer, se perdant dans un canal d'irrigation (on peut le vérifier sur Google Earth). Et au cas où ça ne suffirait pas, ses eaux sont salobres, puisqu'il passe à travers des terrains très salins. On ne peut pas, pour autant, boire cette eau.

   Mais voilà les musulmans qui sont arrivés de terres encore plus arides pour porter à terme le miracle agricole, en créant une immense oasis là où auparavant il n'y avait que du sparte. Des syriens, des egypciens et des berbères ont mis en commun leurs connaissances et, en peu plus d'un siècle, ils ont fait de madinat Ils une des villes les plus prospères de Xarq al-Andalus (l'est d'al-Andalus). L'ingénierie mise en place avait pour but non seulement porter jusqu'à la dernière goutte d'eau aux parcelles agricoles les plus éloignées, mais d'en optimiser son usage. Leur pièce clé sera la Phoenix dactylifera, c'est-à-dire, le palmier dattier.

Hort de Sant Plàcid, où on peut voir une représentation contemporaine de la structure et fonctionnement des ces plaines maraîchères.

   Il y a plusieurs hypothèses sur l'arrivée de cette espèce-là. Comme vous le savez bien, les palmiers sont des plantes appartenant à des zones subtropicales de la planète; elles ne sont donc pas autochtones du sud de l'Europe (deux espèces exceptées). L'hypothèse la plus acceptée est celle qui soutient que ce furent les Phéniciens qui apportèrent ici les palmiers lors de leurs voyages commerciaux du premier millénaire avant Jésus-Christ, mais leur culture, ordonnement et développement fut porté à terme par les musulmans. Ils ont crée des parcelles rectangulaires, les unes à côté des autres pour bien profiter le parcours des canaux d'irrigation et éviter ainsi la perte d'eau. Ces parcelles étaient divisées en différents niveaux de culture, tout en partant du centre. Ici on pouvait trouver des plantes herbacées, telles que le coton ou la luzerne, entourées par un deuxième niveau d'arbres fruitiers comme des grenadiers ou oliviers, le tout borné par des files de palmiers dattiers plantés aux bord des canaux d'irrigation. De cette façon-là, l'ombre qu'ils produisent empechent, d'un côté, l'évaporation de l'eau, et de l'autre, ils créent un microclimat à l'intérieur de la parcelle plus frais et humide. Et bien sur, pour ce type d'agriculture il fallait choisir des plantes tolérantes à un certain degré de salinité dans l'eau.

   Le palmier, en plus, a eu une multiplicité d'usages: il produit des dattes (des fruits qui ont une valeur énergetique très élevée), avec ses stipes on faisait les colonnes des porches si typiques des maisons de campagne d'Elche, des bancs pour s'asseoir, ils produissent aussi une espèce de fibre avec laquelle on peut faire des paillassons ou des cabas. Le palmier faisait partie d'une façon de vivre, d'un système économique où tout était profité (c'était un monde où on recyclait et où les déchets n'existaient pas). Voilà sa raison d'être jusqu'à l'arrivée de l'industrialisation et la chaussure à la fin du XIXème siècle.


Hort de Rogeta, son usage traditionnel perdu. Il y a des palmiers aux formes particulières

   Les agriculteurs et ses familles habitaient hors des murs de la ville, dans les plaines maraîchères l'entourant. Ils s'y rendaient à chaque fois qu'ils avaient besoin de réaliser ses échanges économiques, régler ses affaires avec l'administration, célébrer ses fêtes ou prier et se protéger derrière les murs en cas d'attaque.

   À présent à Elche le palmier est une espèce protégée; il y en a autour 200 mille, ce qui est surprenant si on pense aux épisodes d'urbanisme sauvage ayant eu lieu tout au cours du XXème siècle, et très particulièrement au moment où des milliers des familles ont émigré afin de chercher du travail dans les manufactures de chaussures. Deux siècles auparavant il y en avait, probablement, deux fois autant de palmiers qu'il y en a maintenant; le paysage devait être vraiment frappant, à ce que racontent les voyageurs qui y arrivaient aux XVIIIème et XIXème siècles.


Hort de Baix, qui aujourd'hui fait partie du Parc Municipal

   La palmeraie est, tout à fait, patrimoine de l'humanité par des différentes raisons. En premier lieu, parce qu'elle représente le transfert d'un paysage typique d'un continent vers un autre (de l'Afrique vers l'Europe, seul exemple qu'on connaît); puis, parce qu'elle a survecu non seulement au passage du temps, mais aussi au changement de civilisation (de la musulmane à celle chrétienne et à la postmodernité après). On ne parle donc pas d'un paysage naturel, mais culturel, car il a été crée par des êtres humains. 

   Si vous visitez la ville, l'office de tourisme a inventé une route à travers les différentes parcelles; allez-y, on vous donnera une carte. La route est vraiment intéressante, il arrive un moment où l'on n'est plus conscient du moment historique ou de l'endroit où on se trouve...

Office de tourisme


   Et si vous souhaitez réaliser cette visite accompagnés d'une guide conférencière, n'hésitez pas à nous contacter.
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vendredi 20 janvier 2017

Marché Central d'Alicante, où la ville se donne rendez-vous le matin

   Le Marché Central d'Alicante est l'un des points les plus animés lors des matins à la ville, surtout si on y va vendredi ou samedi. Là on pourra trouver des produits frais offerts par la terre et la mer: des fruits et légumes de la Vega Baja, des boulangeries avec des pâtisseries traditionnelles, de la viande et du poisson frais, des herboristeries, des confits dans le vinaigre, des salaisons, des produits ménagers... Un assaut aux sens.


   Le marché ne se trouve pas loin des lieux touristiques. Vous le trouverez au début de l'avenue Alfonso el Sabio.

   Le bâtiment a été inauguré en 1922. Précédemment, ce qu'on connaissait comme le Vieux Marché se trouvait face au port, là où aujourd'hui la Maison Carbonell se dresse majestueuse.

   La façade principale est triangulaire, en brique, et son perron est le lieu de rencontre pour beaucoup de gens qui s'y donnent rendez-vous à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. De l'autre côté, sa façade postérieure donne sur une place très animée, nommée des Fleurs jusqu'en 2010, à cause des étals qui vendent cette marchandise. Ici on célèbre des évènements populaires variés tout au long de l'année; on y verra aussi plusieurs terraces où l'on peut prendre le petit déjeuner, des tapas ou cette petite bière qui va si bien en milieu de matinée.

Façade principale
Façade postérieure
   Mais malhereusement, ici il survint un des épisodes les plus tristes et sanglants de l'histoire de la ville. Il s'agit du bombardement du 25 mai 1938, au moment de la Guerre Civile Espagnole.

   Permettez-moi de vous mettre en contexte très rapidement. Le conflit armé explose officiellement le 17-18 juillet 1936, à cause d'un coup d'état contre le gouvernement de la république, qui sera soutenu par une partie de l'armée. Le pays, divisé en deux camps, le camp républicain et le camp nationaliste, entrent en guerre. Alicante restera du côté de la république jusqu'à la fin de la guerre et, même si elle était placée à l'arrière-garde, elle sera bombardée à plusieurs reprises.

   D'habitude, les avions assaillant la ville arrivaient du côté de la mer, puisqu'ils avaient sa base à Majorque (les Baléares appartennaient au camp national). Les rebelles, en plus, récevaient de l'aide militaire de l'Allemagne de Hitler et de l'Italie de Mussolini. C'est précissement à ce dernier pays qu'appartennaient les Savoia S-79 qui sont partis de l'île à huit heures du matin pour arriver à Alicante vers onze heures et quart et décharger sur la place ses bombes en deux passages, avec un intervalle de quatre minutes. Ce matin le marché était particulièrement concurrencé. Une cargaison de sardines venait d'arriver au port et les gens s'étaient rendus au marché en grande nombre afin d'acheter ses provisions. Les alarmes n'étaient pas sonnées, peut-être parce que les avions avaient manoeuvré pour entrer à Alicante des l'intérieur et non pas par la mer, comme il en était l'habitude. C'est ainsi qu'ils ont évité les écoutes anti-aériennes. Les habitants de la ville n'ont pas eu le temps d'aller aux refuges. Les avions ont jeté 90 bombes, les plus lourdes de 100 kg de poids, sur le marché et ses alentours.  
   
   Le bilan a été de quelque 300 morts, chiffre comparable au bombardement de Guernica au Pays Basque (celui représenté par le Guernica de Picasso). L'offensive n'avait pas pour cible un quelconque point stratégique (le port, des infrastructures ferroviaires, l'aérodrome de Rabassa..) ; bien au contraire, elle a été lancée contre la population civile, ce qu'à l'époque n'était pas normal du tout. D'après les témoignages des survivants, les scènes qu'on voyait étaient affreuses; on n'entrera pas dans les détails. Aujourd'hui un hommage discret sur le sol de la place nous rappelle ces faits. Ce souvenir est composé par 9 plaquettes en allusion aux neuf avions, 300 lumières rouges qui s'allument tous les jours à l'heure du bombardement et qui se rapportent aux victimes, et 90 points noirs qui représentent les bombes lâchées cette matinée-là.


    Si on entre au Marché à travers du Rond Point (bâtiment circulaire qui se trouve sur la façade principale) on verra, à l'intérieur d'une vitrine, l'ancien horloge qui s'est arrêté sous l'intensité des impacts pour immortaliser l'heure de l'évènement fatal. À droite, on verra l'alarme qui était placée sur la façade et qui, ce matin-là, n'est sonnée que trop tard. 


    Si vous avez un intérêt spécial sur le sujet, le web de l'association culturelle Alicante Vivo (en espagnol) est assez complet. C'est grâce à eux que la mairie a changé le nom de la place en 2010 en place du 25 Mai. 

    Et, bien au dépit de tout cela, il s'agit d'un endroit très agréable et gai. Flanquée par des marchands de fleurs, la place constitue un très animé point de rencontre quotidien, particulièrement les weekends. Ici commence pour beaucoup le tardeo, néologisme pour l'activité qui consiste à prendre, entre midi et six heures, des cañas et tapas (bières et mets en petite quantité) assis sur une terrace ou en pied au milieu de la place, car il est parfois difficile de trouver une table pour s'asseoir. L'ambiance de fête est en tout cas abondante.


   Et si, après un ensoleillé matin d'hiver, avec ses cañas et ses tapas, vous sentez l'irrépressible élan de ne pas rentrer chez vous, il n'y aura qu'à suivre la folle foule, qui vous indiquera quel est le prochain point d'arrêt sur la route du tardeo.

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vendredi 13 janvier 2017

Laissez-vous emporter par le Tram d'Alicante

   Si vous avez envie de visiter les villages de la Costa Blanca, vous avez la belle option de prendre le Tram, populairement connu comme le "Trenet" (petit train, en langue valencienne).
   Mais surtout, ne soyez pas presé(e). Aimez-vous vous immerger dans les paysages? Voilà l'occasion.


   À travers de son trajet le plus long, d'Alicante jusqu'à Denia (quelque 90 km), vous pourrez voir un "resumé" de la presque totalité des paysages de la province: des badlands arides, rocheuses et jaunâtres, des falaises sur la mer, des criques, des terres cultivées, des bois de pin, etc.



   En plus, le Tram n'a rien à voir avec le service métro qu'on peut trouver dans les grandes villes. Le Tram, c'est la fête des personnages. Si d'un côté on voit des locaux, qui utilisent le service pour aller au travail ou à l'école, d'un autre on partagera notre voiture avec les individus des nationalités les plus bigarrées. Il n'est pas rare d'écuoter autour de nous quatre ou cinq langues différentes. Besoin de pratiquer votre anglais?

   Le voyageur semble aussi avoir la volonté de l'intéraction: on ne peut pas vous offrir d'explication sociologique précise. Il y a ceux qui demandent des renseignements, ceux qui se connaissent pour la première fois, ceux qui parlent du temps qu'il fait et même ceux qui réparent notre fou monde... Les possibilités sont abondantes si on a dans l'esprit que le trajet se fait assez lentement (Alicante-Benidorm, par exemple, c'est 40 km par route et une heure et quart dans le Tram). Beaucoup s'en plaignent, mais s'il vous plaît, laissez-nous cette dernière trace de lenteur au milieu des temps modernes.

   On parle en fait d'une infrastructure historique qui, à l'époque et sur quelques tronçons, représentait l'une des grandes oeuvres d'ingénierie des terres valenciennes. Et oui, le Trenet de la Marina date de 1915. Il a plus de cent ans. C'est un chemin de fer à voie étroite qui a été un grand progrès à ce moment-là, puisqu'il permettait de communiquer des villages placés sur une topographie assez accidentée. À présent, on bénéficie de l'autoroute et on ne s'apperçoit peut-être pas, mais dans ces temps anciens les routes terrestres étaient compliquées et fatigantes. Et, bien sur, le Trenet a été crucial aussi dans l'arrivée des premiers touristes: les plages de Villajoyosa, Altea ou Benidorm ont été accessibles pour la première fois aux populations habitant l'intérieur du pays. Il y eut un temps où sur cette voie fonctionnait le Limón Express, un train vintage qui ressemblait ceux des westerns. Il était peint en jaune et les touristes y prennaient l'apéritif tandis qu'ils passaient devant le regard ébahi des enfants qui jouaient dans les différents villages par où ils passaient.



   Ce service a été modernisé à la fin du XXème siècle et on a crée plusieurs lignes afin de les ajouter à la ligne historique (aujourd'hui L1 et L9).

   Avec le Tram on peut visiter une grande quantité de ressources culturelles et touristiques de la province:
  • Des sites archéologiques: cité romaine de Lucentum (station du même nom), Illeta dels Banyets (avec des vestiges de l'âge du bronce, ibères, etc. À El Campello).
  • Des criques et des plages.
  • Le centre historique de Villajoyosa ou ses chocolatéries.
  • Des villes touristiques telles que Benidorm, Altea, Calpe, Benisa (un peu loin de la station, mais avec une belle promenade entre les terres agricoles) ou Denia.
   Une curiosité: quelques stations ont preservé son style architectonique original et sont devenues des beaux pubs où parfois on peut voir des jam sessions ou des concerts.
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jeudi 12 janvier 2017

Une petite et charmante place à Alicante





   Dans une ville où historiquement on a eu du mal à s’approvisionner d’eau et qui est spécialement aride, cette fontaine devient emblématique.

    « La porteuse d’eau » (La Aguadora) est située dans l’une des places les plus belles d’Alicante, celle de Gabriel Miró, et fût réalisée en 1918 pour commémorer l’arrivée des eaux des montagnes de l’intérieur de la province depuis 1898.

    Autour : des ficus centenaires, des ormes, les terrasses des restaurants et d’autres bâtiments imitant le style éclectique du début du XXème siècle et qui servent à créer un espace tranquille et frais. 

   Un bel endroit pour se reposer pendant les visites en ville…
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mercredi 11 janvier 2017

Une ville à l'intérieur d'une ville

   Parcourir, fouiller… une fois, autre fois.


   Afin de bien accomplir mes tâches de guide, je m’obstine dans ma recherche de ce « je ne sais pas quoi » qui est censé définir chaque ville. Partout on peut trouver un quartier historique (ou non), des églises (même des cathédrales), des musées, des parcs, des boutiques intéressantes. Mais c’est exactement quoi qui fait la différence entre une ville et une autre ? Comment arriver à la découverte de l’ « âme » d’une ville ?
   Et, plus difficile encore : une fois découverte (si cela est-il possible), comment transmettre cette « essence » à mes groupes de visiteurs ?

   Ce sont des questions que je me pose de temps en temps, entre visite et visite, et surtout quand je suis en train de préparer une ville pour la montrer. Il faut aussi avoir dans ses poches des différents points de vue, en attendant que quelqu’un d’entre eux puisse satisfaire la soif de connaissance de mes chers voyageurs. 

   Dans ma recherche d’âmes, quand j’ai besoin d’être pratique, je me sers surtout de l’histoire (la discipline, bien entendu) et de la parahistoire, c’est-à-dire, l’interprétation que font les peuples de ses propres faits historiques, les légendes qu’ils inventent. Mais je parlerai de cela peut-être un autre jour, puisqu’aujourd’hui je ne me sens pas pratique du tout.

   Parfois, si on a du temps, il suffit de se promener, d’errer par ce beau monde, de se laisser aller par des quartiers silencieux.
   Comme celui-ci, où d’habitude les touristes ne viennent pas (massivement, je veux dire). Une ville à l’intérieur d’une ville. Le passé dans le présent.


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mardi 10 janvier 2017

L'Alcudia, site archéologique à Elche



   Parmi les villes qui ont le plus grand patrimoine culturel à la Costa Blanca, on peut souligner Elche, où ce concept peut être compris au sens large, puisque ce n’est pas seulement des églises, des musées ou des vestiges des remparts anciens que l’on trouve, mais aussi des jardins potagers dont la base sont les palmiers et dont le fonctionnement est très particulier, ou le Misteri, drame sacre-lyrique qui est représenté depuis le Moyen Âge.

   Certes, si vous visitez Costa Blanca, Elche est une ville à ne pas manquer…

   D’abord, parce que toutes les civilisations qui y sont passées sont encore aujourd’hui représentées, depuis les ibères (qui ont donné son nom à la Péninsule Ibérique) jusqu’à la conquête chrétienne. Et c’est précisément des premières civilisations que je voulais parler dans cette entrée.

   Aujourd’hui on a visité un site archéologique, l’Alcúdia de Elche, situé à deux kilomètres de la ville actuelle. Et voici un fait très curieux qui concerne plusieurs villes de la province : on trouve d'abord une première ville, construite à l’époque des ibères et qui sera abandonnée au VIIIème siècle avec l’arrivée des maures, et après, on trouve la même ville « refaite » ailleurs.

   L’Alcúdia (mot qui vient de l’arabe et qui veut dire « colline ») est un site qui passionne tous les archéologues que je connais. On pense que, en tant que ville, elle fût fondée par les ibères autour du V a. C. et qu’elle était sur la route des troupes d’Hannibal  la veille du début de la deuxième guerre punique. Après l’arrivée des romains, elle devint, le 27 a. C. colonie sous le nom de Colonia Iulia Ilici Augusta, et donc une ville privilégiée au temps de l’Empire. Cet Ilici du passé mesurait 15 hectares et aujourd’hui, il n’y a qu’un 5% qu’a été fouillé. Voilà pourquoi les archéologues aiment tellement cet endroit : tout reste encore à faire. Tout est encore à imaginer. 
   Doté d’un musée et d’un centre d’interprétation, on peut aussi admirer:

Basilique paléochrétienne

Le sanctuaire ibère.
L’emplacement où la Dama de Elche fût trouvée.

Forum ou place principale
Caldarium, thermes orientaux
Piscine des thermes orientaux
Domus romaine d'une famille probablement très puissante
Domus, d'une autre perspective

   Des domus qui, par leur taille, semblent des palais.

   Si vous êtes intéressés à l’archéologie, il s’agit d’une visite thématique parfaite à compléter avec celle d’autres sites des alentours, tels que Lucentum à Alicante ou la Illeta del Banyets, à Campello.

   Aujourd’hui, les travaux et études sont menés par l’Université d’Alicante.


   http://www.laalcudia.ua.es/index.jsp
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