dimanche 29 janvier 2017

La palmeraie de Elche

   Elche: on connaît peu de chose de cette ville au sud d'Alicante. Surtout on connait la Dame d'Elche, statue de femme ibère de 2500 ans d'antiquité habitant le MAN (Musée Archéologique National, Madrid), avec ses deux chignons, son peigne et mantille, si typiques de notre costume traditionnel. On a à l'esprit son beau visage, anodin, inexpressif, son regard énigmatique.

   Mais, et la ville? Est-ce qu'on la connaît? 

Vue du Parc Municipal et de l'Hort de Baix dès l'autre côté du "fleuve"


   On peut dire qu'à présent Elche est une ville industrielle, dont l'activité est axée sur la production de chaussures. Elle est, en plus, la troisième ville en importance de la région, après Valencia et Alicante, avec presque 230.000 habitants, à peu de kilomètres de la capitale de la province, qui en a 334.000.

   Les origines de l'Elche qu'on connaît aujourd'hui il faut les chercher à l'époque de l'invasion musulmane (an 711). Ce n'est plus l'Heliké qui a vu naître la Dame dont on parlait au début, non, ça c'est une autre ville (mais la même) à 3 km au sud, dont on parlera à une autre occasion. Aujourd'hui on parlera de la madinat Ils qui a vu grandir la superbe palmeraie, devenue l'an 2000 Patrimoine de l'Humanité.





   Tout ce qui nous est resté semble nous parler d'un plan urbain soigneusement pensé. Les données topographiques (une plaine près du maigre débit du fleuve Vinalopó) et les vestiges des remparts musulmans nous renvoient à une ville au plan rectangulaire, complètement entourée par des plaines maraîchères. Du côté gauche du fleuve sortait un canal qui passait à travers du centre ville afin de fournir les bains publics, le marché, les tanneries, etc. avec de l'eau, et qui, était subdivisé après en différentes branches pour irriguer les palmiers des plaines maraîchères. Ce canal fonctionne encore à présent, bien qu'avec des propos plus modernes.


Fleuve Vinalopó à son passage par le centre ville
   Ce fleuve, ne porte presque pas d'eau; actuellement il n'arrive même pas à la mer, se perdant dans un canal d'irrigation (on peut le vérifier sur Google Earth). Et au cas où ça ne suffirait pas, ses eaux sont salobres, puisqu'il passe à travers des terrains très salins. On ne peut pas, pour autant, boire cette eau.

   Mais voilà les musulmans qui sont arrivés de terres encore plus arides pour porter à terme le miracle agricole, en créant une immense oasis là où auparavant il n'y avait que du sparte. Des syriens, des egypciens et des berbères ont mis en commun leurs connaissances et, en peu plus d'un siècle, ils ont fait de madinat Ils une des villes les plus prospères de Xarq al-Andalus (l'est d'al-Andalus). L'ingénierie mise en place avait pour but non seulement porter jusqu'à la dernière goutte d'eau aux parcelles agricoles les plus éloignées, mais d'en optimiser son usage. Leur pièce clé sera la Phoenix dactylifera, c'est-à-dire, le palmier dattier.

Hort de Sant Plàcid, où on peut voir une représentation contemporaine de la structure et fonctionnement des ces plaines maraîchères.

   Il y a plusieurs hypothèses sur l'arrivée de cette espèce-là. Comme vous le savez bien, les palmiers sont des plantes appartenant à des zones subtropicales de la planète; elles ne sont donc pas autochtones du sud de l'Europe (deux espèces exceptées). L'hypothèse la plus acceptée est celle qui soutient que ce furent les Phéniciens qui apportèrent ici les palmiers lors de leurs voyages commerciaux du premier millénaire avant Jésus-Christ, mais leur culture, ordonnement et développement fut porté à terme par les musulmans. Ils ont crée des parcelles rectangulaires, les unes à côté des autres pour bien profiter le parcours des canaux d'irrigation et éviter ainsi la perte d'eau. Ces parcelles étaient divisées en différents niveaux de culture, tout en partant du centre. Ici on pouvait trouver des plantes herbacées, telles que le coton ou la luzerne, entourées par un deuxième niveau d'arbres fruitiers comme des grenadiers ou oliviers, le tout borné par des files de palmiers dattiers plantés aux bord des canaux d'irrigation. De cette façon-là, l'ombre qu'ils produisent empechent, d'un côté, l'évaporation de l'eau, et de l'autre, ils créent un microclimat à l'intérieur de la parcelle plus frais et humide. Et bien sur, pour ce type d'agriculture il fallait choisir des plantes tolérantes à un certain degré de salinité dans l'eau.

   Le palmier, en plus, a eu une multiplicité d'usages: il produit des dattes (des fruits qui ont une valeur énergetique très élevée), avec ses stipes on faisait les colonnes des porches si typiques des maisons de campagne d'Elche, des bancs pour s'asseoir, ils produissent aussi une espèce de fibre avec laquelle on peut faire des paillassons ou des cabas. Le palmier faisait partie d'une façon de vivre, d'un système économique où tout était profité (c'était un monde où on recyclait et où les déchets n'existaient pas). Voilà sa raison d'être jusqu'à l'arrivée de l'industrialisation et la chaussure à la fin du XIXème siècle.


Hort de Rogeta, son usage traditionnel perdu. Il y a des palmiers aux formes particulières

   Les agriculteurs et ses familles habitaient hors des murs de la ville, dans les plaines maraîchères l'entourant. Ils s'y rendaient à chaque fois qu'ils avaient besoin de réaliser ses échanges économiques, régler ses affaires avec l'administration, célébrer ses fêtes ou prier et se protéger derrière les murs en cas d'attaque.

   À présent à Elche le palmier est une espèce protégée; il y en a autour 200 mille, ce qui est surprenant si on pense aux épisodes d'urbanisme sauvage ayant eu lieu tout au cours du XXème siècle, et très particulièrement au moment où des milliers des familles ont émigré afin de chercher du travail dans les manufactures de chaussures. Deux siècles auparavant il y en avait, probablement, deux fois autant de palmiers qu'il y en a maintenant; le paysage devait être vraiment frappant, à ce que racontent les voyageurs qui y arrivaient aux XVIIIème et XIXème siècles.


Hort de Baix, qui aujourd'hui fait partie du Parc Municipal

   La palmeraie est, tout à fait, patrimoine de l'humanité par des différentes raisons. En premier lieu, parce qu'elle représente le transfert d'un paysage typique d'un continent vers un autre (de l'Afrique vers l'Europe, seul exemple qu'on connaît); puis, parce qu'elle a survecu non seulement au passage du temps, mais aussi au changement de civilisation (de la musulmane à celle chrétienne et à la postmodernité après). On ne parle donc pas d'un paysage naturel, mais culturel, car il a été crée par des êtres humains. 

   Si vous visitez la ville, l'office de tourisme a inventé une route à travers les différentes parcelles; allez-y, on vous donnera une carte. La route est vraiment intéressante, il arrive un moment où l'on n'est plus conscient du moment historique ou de l'endroit où on se trouve...

Office de tourisme


   Et si vous souhaitez réaliser cette visite accompagnés d'une guide conférencière, n'hésitez pas à nous contacter.
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vendredi 20 janvier 2017

Marché Central d'Alicante, où la ville se donne rendez-vous le matin

   Le Marché Central d'Alicante est l'un des points les plus animés lors des matins à la ville, surtout si on y va vendredi ou samedi. Là on pourra trouver des produits frais offerts par la terre et la mer: des fruits et légumes de la Vega Baja, des boulangeries avec des pâtisseries traditionnelles, de la viande et du poisson frais, des herboristeries, des confits dans le vinaigre, des salaisons, des produits ménagers... Un assaut aux sens.


   Le marché ne se trouve pas loin des lieux touristiques. Vous le trouverez au début de l'avenue Alfonso el Sabio.

   Le bâtiment a été inauguré en 1922. Précédemment, ce qu'on connaissait comme le Vieux Marché se trouvait face au port, là où aujourd'hui la Maison Carbonell se dresse majestueuse.

   La façade principale est triangulaire, en brique, et son perron est le lieu de rencontre pour beaucoup de gens qui s'y donnent rendez-vous à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. De l'autre côté, sa façade postérieure donne sur une place très animée, nommée des Fleurs jusqu'en 2010, à cause des étals qui vendent cette marchandise. Ici on célèbre des évènements populaires variés tout au long de l'année; on y verra aussi plusieurs terraces où l'on peut prendre le petit déjeuner, des tapas ou cette petite bière qui va si bien en milieu de matinée.

Façade principale
Façade postérieure
   Mais malhereusement, ici il survint un des épisodes les plus tristes et sanglants de l'histoire de la ville. Il s'agit du bombardement du 25 mai 1938, au moment de la Guerre Civile Espagnole.

   Permettez-moi de vous mettre en contexte très rapidement. Le conflit armé explose officiellement le 17-18 juillet 1936, à cause d'un coup d'état contre le gouvernement de la république, qui sera soutenu par une partie de l'armée. Le pays, divisé en deux camps, le camp républicain et le camp nationaliste, entrent en guerre. Alicante restera du côté de la république jusqu'à la fin de la guerre et, même si elle était placée à l'arrière-garde, elle sera bombardée à plusieurs reprises.

   D'habitude, les avions assaillant la ville arrivaient du côté de la mer, puisqu'ils avaient sa base à Majorque (les Baléares appartennaient au camp national). Les rebelles, en plus, récevaient de l'aide militaire de l'Allemagne de Hitler et de l'Italie de Mussolini. C'est précissement à ce dernier pays qu'appartennaient les Savoia S-79 qui sont partis de l'île à huit heures du matin pour arriver à Alicante vers onze heures et quart et décharger sur la place ses bombes en deux passages, avec un intervalle de quatre minutes. Ce matin le marché était particulièrement concurrencé. Une cargaison de sardines venait d'arriver au port et les gens s'étaient rendus au marché en grande nombre afin d'acheter ses provisions. Les alarmes n'étaient pas sonnées, peut-être parce que les avions avaient manoeuvré pour entrer à Alicante des l'intérieur et non pas par la mer, comme il en était l'habitude. C'est ainsi qu'ils ont évité les écoutes anti-aériennes. Les habitants de la ville n'ont pas eu le temps d'aller aux refuges. Les avions ont jeté 90 bombes, les plus lourdes de 100 kg de poids, sur le marché et ses alentours.  
   
   Le bilan a été de quelque 300 morts, chiffre comparable au bombardement de Guernica au Pays Basque (celui représenté par le Guernica de Picasso). L'offensive n'avait pas pour cible un quelconque point stratégique (le port, des infrastructures ferroviaires, l'aérodrome de Rabassa..) ; bien au contraire, elle a été lancée contre la population civile, ce qu'à l'époque n'était pas normal du tout. D'après les témoignages des survivants, les scènes qu'on voyait étaient affreuses; on n'entrera pas dans les détails. Aujourd'hui un hommage discret sur le sol de la place nous rappelle ces faits. Ce souvenir est composé par 9 plaquettes en allusion aux neuf avions, 300 lumières rouges qui s'allument tous les jours à l'heure du bombardement et qui se rapportent aux victimes, et 90 points noirs qui représentent les bombes lâchées cette matinée-là.


    Si on entre au Marché à travers du Rond Point (bâtiment circulaire qui se trouve sur la façade principale) on verra, à l'intérieur d'une vitrine, l'ancien horloge qui s'est arrêté sous l'intensité des impacts pour immortaliser l'heure de l'évènement fatal. À droite, on verra l'alarme qui était placée sur la façade et qui, ce matin-là, n'est sonnée que trop tard. 


    Si vous avez un intérêt spécial sur le sujet, le web de l'association culturelle Alicante Vivo (en espagnol) est assez complet. C'est grâce à eux que la mairie a changé le nom de la place en 2010 en place du 25 Mai. 

    Et, bien au dépit de tout cela, il s'agit d'un endroit très agréable et gai. Flanquée par des marchands de fleurs, la place constitue un très animé point de rencontre quotidien, particulièrement les weekends. Ici commence pour beaucoup le tardeo, néologisme pour l'activité qui consiste à prendre, entre midi et six heures, des cañas et tapas (bières et mets en petite quantité) assis sur une terrace ou en pied au milieu de la place, car il est parfois difficile de trouver une table pour s'asseoir. L'ambiance de fête est en tout cas abondante.


   Et si, après un ensoleillé matin d'hiver, avec ses cañas et ses tapas, vous sentez l'irrépressible élan de ne pas rentrer chez vous, il n'y aura qu'à suivre la folle foule, qui vous indiquera quel est le prochain point d'arrêt sur la route du tardeo.

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vendredi 13 janvier 2017

Laissez-vous emporter par le Tram d'Alicante

   Si vous avez envie de visiter les villages de la Costa Blanca, vous avez la belle option de prendre le Tram, populairement connu comme le "Trenet" (petit train, en langue valencienne).
   Mais surtout, ne soyez pas presé(e). Aimez-vous vous immerger dans les paysages? Voilà l'occasion.


   À travers de son trajet le plus long, d'Alicante jusqu'à Denia (quelque 90 km), vous pourrez voir un "resumé" de la presque totalité des paysages de la province: des badlands arides, rocheuses et jaunâtres, des falaises sur la mer, des criques, des terres cultivées, des bois de pin, etc.



   En plus, le Tram n'a rien à voir avec le service métro qu'on peut trouver dans les grandes villes. Le Tram, c'est la fête des personnages. Si d'un côté on voit des locaux, qui utilisent le service pour aller au travail ou à l'école, d'un autre on partagera notre voiture avec les individus des nationalités les plus bigarrées. Il n'est pas rare d'écuoter autour de nous quatre ou cinq langues différentes. Besoin de pratiquer votre anglais?

   Le voyageur semble aussi avoir la volonté de l'intéraction: on ne peut pas vous offrir d'explication sociologique précise. Il y a ceux qui demandent des renseignements, ceux qui se connaissent pour la première fois, ceux qui parlent du temps qu'il fait et même ceux qui réparent notre fou monde... Les possibilités sont abondantes si on a dans l'esprit que le trajet se fait assez lentement (Alicante-Benidorm, par exemple, c'est 40 km par route et une heure et quart dans le Tram). Beaucoup s'en plaignent, mais s'il vous plaît, laissez-nous cette dernière trace de lenteur au milieu des temps modernes.

   On parle en fait d'une infrastructure historique qui, à l'époque et sur quelques tronçons, représentait l'une des grandes oeuvres d'ingénierie des terres valenciennes. Et oui, le Trenet de la Marina date de 1915. Il a plus de cent ans. C'est un chemin de fer à voie étroite qui a été un grand progrès à ce moment-là, puisqu'il permettait de communiquer des villages placés sur une topographie assez accidentée. À présent, on bénéficie de l'autoroute et on ne s'apperçoit peut-être pas, mais dans ces temps anciens les routes terrestres étaient compliquées et fatigantes. Et, bien sur, le Trenet a été crucial aussi dans l'arrivée des premiers touristes: les plages de Villajoyosa, Altea ou Benidorm ont été accessibles pour la première fois aux populations habitant l'intérieur du pays. Il y eut un temps où sur cette voie fonctionnait le Limón Express, un train vintage qui ressemblait ceux des westerns. Il était peint en jaune et les touristes y prennaient l'apéritif tandis qu'ils passaient devant le regard ébahi des enfants qui jouaient dans les différents villages par où ils passaient.



   Ce service a été modernisé à la fin du XXème siècle et on a crée plusieurs lignes afin de les ajouter à la ligne historique (aujourd'hui L1 et L9).

   Avec le Tram on peut visiter une grande quantité de ressources culturelles et touristiques de la province:
  • Des sites archéologiques: cité romaine de Lucentum (station du même nom), Illeta dels Banyets (avec des vestiges de l'âge du bronce, ibères, etc. À El Campello).
  • Des criques et des plages.
  • Le centre historique de Villajoyosa ou ses chocolatéries.
  • Des villes touristiques telles que Benidorm, Altea, Calpe, Benisa (un peu loin de la station, mais avec une belle promenade entre les terres agricoles) ou Denia.
   Une curiosité: quelques stations ont preservé son style architectonique original et sont devenues des beaux pubs où parfois on peut voir des jam sessions ou des concerts.
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jeudi 12 janvier 2017

Une petite et charmante place à Alicante





   Dans une ville où historiquement on a eu du mal à s’approvisionner d’eau et qui est spécialement aride, cette fontaine devient emblématique.

    « La porteuse d’eau » (La Aguadora) est située dans l’une des places les plus belles d’Alicante, celle de Gabriel Miró, et fût réalisée en 1918 pour commémorer l’arrivée des eaux des montagnes de l’intérieur de la province depuis 1898.

    Autour : des ficus centenaires, des ormes, les terrasses des restaurants et d’autres bâtiments imitant le style éclectique du début du XXème siècle et qui servent à créer un espace tranquille et frais. 

   Un bel endroit pour se reposer pendant les visites en ville…
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mercredi 11 janvier 2017

Une ville à l'intérieur d'une ville

   Parcourir, fouiller… une fois, autre fois.


   Afin de bien accomplir mes tâches de guide, je m’obstine dans ma recherche de ce « je ne sais pas quoi » qui est censé définir chaque ville. Partout on peut trouver un quartier historique (ou non), des églises (même des cathédrales), des musées, des parcs, des boutiques intéressantes. Mais c’est exactement quoi qui fait la différence entre une ville et une autre ? Comment arriver à la découverte de l’ « âme » d’une ville ?
   Et, plus difficile encore : une fois découverte (si cela est-il possible), comment transmettre cette « essence » à mes groupes de visiteurs ?

   Ce sont des questions que je me pose de temps en temps, entre visite et visite, et surtout quand je suis en train de préparer une ville pour la montrer. Il faut aussi avoir dans ses poches des différents points de vue, en attendant que quelqu’un d’entre eux puisse satisfaire la soif de connaissance de mes chers voyageurs. 

   Dans ma recherche d’âmes, quand j’ai besoin d’être pratique, je me sers surtout de l’histoire (la discipline, bien entendu) et de la parahistoire, c’est-à-dire, l’interprétation que font les peuples de ses propres faits historiques, les légendes qu’ils inventent. Mais je parlerai de cela peut-être un autre jour, puisqu’aujourd’hui je ne me sens pas pratique du tout.

   Parfois, si on a du temps, il suffit de se promener, d’errer par ce beau monde, de se laisser aller par des quartiers silencieux.
   Comme celui-ci, où d’habitude les touristes ne viennent pas (massivement, je veux dire). Une ville à l’intérieur d’une ville. Le passé dans le présent.


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mardi 10 janvier 2017

L'Alcudia, site archéologique à Elche



   Parmi les villes qui ont le plus grand patrimoine culturel à la Costa Blanca, on peut souligner Elche, où ce concept peut être compris au sens large, puisque ce n’est pas seulement des églises, des musées ou des vestiges des remparts anciens que l’on trouve, mais aussi des jardins potagers dont la base sont les palmiers et dont le fonctionnement est très particulier, ou le Misteri, drame sacre-lyrique qui est représenté depuis le Moyen Âge.

   Certes, si vous visitez Costa Blanca, Elche est une ville à ne pas manquer…

   D’abord, parce que toutes les civilisations qui y sont passées sont encore aujourd’hui représentées, depuis les ibères (qui ont donné son nom à la Péninsule Ibérique) jusqu’à la conquête chrétienne. Et c’est précisément des premières civilisations que je voulais parler dans cette entrée.

   Aujourd’hui on a visité un site archéologique, l’Alcúdia de Elche, situé à deux kilomètres de la ville actuelle. Et voici un fait très curieux qui concerne plusieurs villes de la province : on trouve d'abord une première ville, construite à l’époque des ibères et qui sera abandonnée au VIIIème siècle avec l’arrivée des maures, et après, on trouve la même ville « refaite » ailleurs.

   L’Alcúdia (mot qui vient de l’arabe et qui veut dire « colline ») est un site qui passionne tous les archéologues que je connais. On pense que, en tant que ville, elle fût fondée par les ibères autour du V a. C. et qu’elle était sur la route des troupes d’Hannibal  la veille du début de la deuxième guerre punique. Après l’arrivée des romains, elle devint, le 27 a. C. colonie sous le nom de Colonia Iulia Ilici Augusta, et donc une ville privilégiée au temps de l’Empire. Cet Ilici du passé mesurait 15 hectares et aujourd’hui, il n’y a qu’un 5% qu’a été fouillé. Voilà pourquoi les archéologues aiment tellement cet endroit : tout reste encore à faire. Tout est encore à imaginer. 
   Doté d’un musée et d’un centre d’interprétation, on peut aussi admirer:

Basilique paléochrétienne

Le sanctuaire ibère.
L’emplacement où la Dama de Elche fût trouvée.

Forum ou place principale
Caldarium, thermes orientaux
Piscine des thermes orientaux
Domus romaine d'une famille probablement très puissante
Domus, d'une autre perspective

   Des domus qui, par leur taille, semblent des palais.

   Si vous êtes intéressés à l’archéologie, il s’agit d’une visite thématique parfaite à compléter avec celle d’autres sites des alentours, tels que Lucentum à Alicante ou la Illeta del Banyets, à Campello.

   Aujourd’hui, les travaux et études sont menés par l’Université d’Alicante.


   http://www.laalcudia.ua.es/index.jsp
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lundi 9 janvier 2017

Espaces naturels: Sierra Helada

   Qu’est-ce que vous pensez si on vous parle de passer vos vacances à Benidorm ? Mmmm… La capitale du tourisme en Espagne semble offrir des plages, une vie nocturne qui ne finit pas le matin du lendemain et le tout par des prix très raisonnables (voilà le secret de son succès actuellement). Mais, y a-t-il quelque chose d’autre ?

   Il y en a, il y en a.

Vue de Benidorm. Au premier plan: hôtel et terrains de golf. Puis, la ville. Au fond à gauche: Sierra Helada

   Bien que la pression anthropique soit des plus lourdes du pays (et cela peut s’appliquer à tout le Levant espagnol) on peut encore aisément remarquer le cadre géographique de cet emplacement, qui est complètement entouré par des chaines de montagnes. Celles-ci, d’ailleurs, empêchent les nuages et les vents provenant du nord-ouest de pénétrer dans les lieux, ce qui crée un microclimat sec, mais avec des températures très agréables pendant toute l’année. Si vous êtes passionnés de la nature, vous pouvez toujours visiter l’une de ces chaines de montagnes sans sortir de la ville : la Sierra Helada, située au milieu des baies d’Altea d’un côté et de Benidorm de l’autre.


   Sierra Helada a été en plus déclarée par le gouvernement valencien espace naturel protégé, principalement à cause de ses fonds marins, étant donné qu’il s’agit de précipices qui donnent sur la mer. Le point plus haut est l’alt del governador à 438 mètres sur le niveau de la mer. Dans cette partie qui donne sur la mer, ceux qui aiment la géographie peuvent aussi admirer le phénomène naturel des dunes fossilisées, qui se sont formées il y a plus de cent mille ans.  Et on peut y monter soit à pied soit en voiture jusqu’à un certain point. D’abord, vous serez étonnés de voir la quantité de maisons et de gratte-ciels placés dans cet espace protégé (la réponse ? Spain is different).

Plateforme de roches sur la mer

   Il y a plusieurs chemins ou routes que vous pouvez suivre. 

   Je vais parler de la route la plus facile, qui est celle qui mène à la Torre de la punta del cavall (la tour de la pointe du cheval). Le trajet commence à la fin de la plage du Levant, où nous trouverons une pente qu’il faut, bien sûr, monter. Si nous suivons la route vers la droite, nous nous trouverons bientôt (un kilomètre, à peu près) sur des petits précipices et, tout de suite, une petite calanque, la cala de l’almadrava, où vous pouvez vous rafraîchir sous des eaux complètement transparentes, couleur turquoise... vous serez même accompagnés de petits poissons.


   S’il est encore trop tôt pour s’arrêter, continuez, vous trouverez à nouveau une autre calanque, cette fois, la cala del ti Ximo. Ce personnage-là, le ti Ximo, était autrefois un monsieur qui travaillait avec ses bourricots dans les mines d’ocre, qui se trouvent tout près de là, aujourd’hui sans activité, mais très visitées par les aventuriers.

Précipices donnant sur la mer. La couleur des roches nous indique que les mines d'ocre ne sont pas loin

   Après cette halte, il ne nous reste qu’environ trois kilomètres pour arriver à la tour. Le chemin est asphalté, mais vous ne verrez pas de voitures (par contre, vous verrez beaucoup de monde promenant son chien ou faisant du sport). Les vues sont magnifiques tout le long du trajet.

Un sportif

   Finalement, nous arrivons à la tour, et au milieu de cette solitude à quelques kilomètres du vacarme de la ville, nous sommes pris par un sentiment plutôt bizarre.


   La tour en question fût bâtie au XVIème siècle, moment où la contrée était presque déserte. En fait, personne ne voulait habiter un endroit où l’accès à des sources d’eau était très insuffisant, et où, en plus, les attaques de pirates et des corsaires étaient très habituelles. C’était le moment du grand empire espagnol, et la côte méditerranéenne était un des points les plus fragiles et faciles d’attaquer. C’est pourquoi le roi Philippe II décida de la jalonner de tours de guet qui, communiquées entre elles, donnaient l’alarme en cas de danger.    Voilà l’histoire de notre tour.

En premier terme, à gauche: vestiges de la tour

   Heureusement,  les choses sont énormément changées aujourd’hui. Maintenant, nous avons de l’eau et nos visiteurs viennent de manière pacifique et par avion.
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dimanche 8 janvier 2017

La forteresse de Sainte Barbara

Bastion. Panoramique d'Alicante

   Vu d’ici il ne semble pas tout à fait un château.
   Des rochers calcaires en arête, des versants abruptes, le sommet à une hauteur de 169 mètres, tout à côté de la mer (la mère mer).
   Vu d’ici on peut imaginer les vues panoramiques sur la côte méditerranéenne. Très beau, très motivant...

Mont Benacantil vu de la Marina Real Club de Regatas

   Le sujet de ce post est bien évidemment le château de Sainte Barbara, qui fût commencé par les maures vers le Xème siècle. Même si on a trouvé des vestiges d’époques plus anciennes, aucun bâtiment ne demeure. Regardez la ligne d’horizon sur la photo : des montagnes qui entourent la mer. C’était un parfait emplacement stratégique penché vers la mare nostrum, faisant les fonctions de tour de guet, de douane, de porte d’entrée en terre ferme ; et d’autant plus stratégique si l’on songe qu’à l’époque une grande partie des routes commerciales du monde passaient par la Méditerranéenne. À travers la mer on recevait non seulement des dangers et des invasions, mais aussi des développements techniques, les apports culturels d'autres civilisations et tout type de produits. 
   Cela marque nettement le caractère d’une ville, et même on peut s’aventurer et dire que cela marque aussi son destin.

   Un emplacement stratégique, même si les sources d’eau n’étaient pas trop abondantes.

   Considéré comme l’une des places fortes les plus importantes de l’Espagne jusqu’à la moitié du XIXème siècle, il devait subir pas mal d’attaques au cours de son existence. Entre 1691 et 1709 il encaissa deux forts bombardements, qui ont donné à la forteresse l’aspect qu’elle montre aujourd’hui. Le château a perdu le donjon et la partie supérieure de toutes ses tours, mais il ne faudrait pas se tromper et penser qu’il n’y a rien à voir, car l’intérieur offre un parcours plein de petits bâtiments, dont quelques-uns abritent le MUSA (Musée de la ville d’Alicante) et nous montrent le rapport entre le château, la ville et l’histoire à travers de documentaires, panneaux informatifs, pièces céramiques…

   Le dernier évènement historique important auquel notre château a participé, fût la guerre civile espagnole (1936-39), où il tenait lieu de prison.

Graffiti des prisoniers de guerre

   Fait-il trop chaud ? La pente de la montagne est trop escarpée ? Ne vous inquiétez pas, on est loin des temps des attaques et des sièges… et aujourd’hui on peut profiter d’un ascenseur qui nous amène dès la plage du Postiguet jusqu’à la première place d’armes ou encore un étage en plus. Pour les sportifs et les aventuriers, il y a aussi plusieurs sentiers  pour y monter, certains d’entre eux entre deux lignes de remparts, qui jadis permettaient de descendre en ville en temps de siège, sans danger d’être blessé par l’ennemi.

Tour de Sainte Cathérine
Fosée et quelques salles

  Il est spécialement agréable pendant les nuits d’été, période où l'on profite la fraicheur de la nuit pour réaliser des concerts, du théâtre, de la danse et tout type d'activités.

   Sainte Barbara est le coeur de la ville et aussi sa cuirasse, un des endroits les plus emblématiques de la ville; sans doute le plus ancien. À ne pas manquer.

   Et si vous voulez que je vous accompagne pendant cette visite...

   cheznousbalades@gmail.com
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samedi 7 janvier 2017

Le Puig Campana, le coucher du soleil et le géant amoureux

   Une des choses qui attire notre attention tout de suite quand nous sommes à Benidorm et que nous regardons vers les terres de l’intérieur, c’est l’énorme montagne calcaire, le Puig Campana, masse de rochers de 1408 mètres de hauteur qui se trouve séparée des plages par seulement 12 kilomètres environ. Elle est imposante, elle est presque magique avec, au sommet, son trou quadrangulaire, parfait.

Puig Campana avec son "trou carré"
  Et c’est n’est pas l’œuvre de la main de l’homme qui a fait cela.

   En fait, nous avons toujours des légendes pour expliquer les phénomènes naturels, qui pour nos ancêtres, étaient toujours des phénomènes magiques. Pour l’affaire du Puig Campana, il y a des variantes différentes, dépendant des goûts et préférences du papi ou de la mamie raconteur en particulier. Mais les aspects généraux ne changent jamais.

Crépuscule: le soleil se couche derrière le Puig Campana
   Sur les flancs de cette montagne vivait, il y a des siècles et des siècles, un géant nommé Roldán. Il est tombé amoureux d’une belle paysanne qui était tout petite, et elle aussi est tombée amoureuse de lui. Ils faisaient un très beau couple, malgré ce qu’on puisse penser à cause de leur stature. Ils vivaient très heureux.

   Jusqu’à ce qu’un jour, elle est tombée terriblement malade. Aucun médecin ne trouvait pas de remède à la maladie, et de jour en jour, elle empirait. La jeune fille était tout près de la mort quand un sorcier leur dit que la seule chose qui pouvait sauver la fille était la lumière du soleil. En fait le soleil allait se coucher bientôt, ce qui signifiait la mort imminente. Alors, Roldán, désespéré, ne sachant pas quoi faire, donna un coup de pied au sommet de la montagne par où le soleil se cacherait, afin d’allonger la vie de sa bienaimée encore quelques minutes. Une grande roche vola dans les airs jusqu’à tomber au milieu de la mer, et c’est en ce moment-là que l’île de Benidorm fut créée. Malheureusement, le soleil, comme tous les jours, se coucha, et la vie de la paysanne ne fut allongée que de quelques minutes. (Desolée ! Je ne connais aucune légende ici, qui ne finisse de façon tragique…)

Au fond: Puig Campana et son "tajo de Roldán"
  Ce trou-là est aujourd’hui nommé « le coup de Roldán ».

  Note : ce géant Roldán n’est autre que le Roland que tous les francophones connaissent grâce à la Chanson de Roland. Comme vous le savez très bien, le Roland de la geste était le neveu de Charlemagne, et il s’occupait de l’arrière-garde des troupes lorsqu’ils étaient de retour d’Espagne. Trahis par Ganelon, ils sont attaqués dans la vallée de Roncevaux par les « sarrasins » (en vérité, des basques), et ils perdent une bataille dont le résultat est la mort de Roland et d’autres preux. 

   Cette bataille a dû être si acharnée, que la mémoire de ses faits a voyagé non seulement jusqu'en France à travers l’archiconnue chanson de geste, mais aussi en Espagne à travers le bouche-oreille, de façon que nombreux accidents géographiques tout le long de la côte est de l’Espagne portent le nom de Roldán, qui a dû être un guerrier terrible et d’une hauteur à couper le souffle.


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vendredi 6 janvier 2017

Des roches, des montagnes... l'autre visage de la région de Valencia

  Quand on pense aux vacances ou au tourisme dans la région de Valencia (Espagne) les premières images qui nous viennent à l’assaut dans notre imaginaire sont celles concernant des plages d'eau transparente, des côtes, parfois des villes historiques comme Valencia, Elche ou Alicante, mais toujours avec la présence de la mer. c’est un paysage maritime.

   Ce que l’imaginaire touristique collectif semble ignorer, c’est que plus de la moitié du territoire de cette région se trouve à plus de 500 mètres au-dessus du niveau de la mer ; et, plus étonnant encore, un 20% au-dessus des 800 mètres.

La vallée d'Ebo, au nord de la province d'Alicante
   Il s’agit donc d’un territoire très rocheux, très montagneux, duquel on méconnait presque tout. Ici le tourisme devient une affaire d’étude ethnologique: comment vivent ces gens-là? (ou plus précisément, comment ont-ils vécu ?). En fait, l’élément le plus abondant dans cette partie du territoire est la pierre. Calcaire, pour être plus précis. Et il fallait en tirer du profit, bien sûr, dans une société qui n’a connu la culture de la consommation jusqu’après la moitié du XXème siècle. L’une des œuvres les plus étonnantes qu’on trouve dans les montagnes sont les terrasses, bâties sur des murs de soutènement faits avec de la pierre à sec (c’est-à-dire, sans aucune sorte de mortier), et qui permettaient tirer du profit d’espaces parfois très petits, parfois incroyables, pour y planter quelques caroubiers ou amandiers. Il y a des endroits où ces terrasses jalonnent des collines entières. Mais il fallait cultiver, et il  n’y avait pas de la place. En plus, ces murs empêchent l’érosion et créent un paysage spécial. 

Tourisme montagnard: l'âne-taxi

   Ce sont aussi des endroits isolés, où même l’électricité n’est arrivée que très tard. Villages et vallées étaient en quelque sorte connectées, mais ce n’était que par un réseau de chemins muletiers, aujourd’hui utilisés comme des sentiers de randonnée.


   Là on peut aussi trouver beaucoup de grottes, intéressantes d’un point de vue spéléologique et artistique, car plusieurs d’entre elles contiennent des peintures rupestres qui font partie d’un ensemble que l’UNESCO a déclaré « patrimoine de l’humanité » (art rupestre du Levant espagnol) et qui ont des caractéristiques propres.

La vallée d'Ebo sous le ciel


   C’est en plus le territoire qui a mieux gardé l’empreinte musulmane de la région. En fait, quand les principales villes du territoire ont été conquises par les chrétiens au XIIIème siècle, les musulmans sont allés chercher refuge dans ces montagnes, où ils se sont établis, et ils y sont restés jusqu’à l’arrêt d’expulsion de 1609, moment où maintes villages sont disparues, d’autres (encore sur place aujourd’hui) ont été abandonnées, et la plupart du territoire s’est dépeuplé. Ils ont laissé par contre un ample éventail de légendes de princesses qui gardent des trésors cachés, une façon de travailler la terre, des recettes de pâtisserie, et l’empreinte de la mémoire, représentée surtout dans les fêtes des Moros y Cristianos (Maures et Chrétiens), que chaque ville célèbre pour commémorer les batailles les plus importantes entre ces deux factions.

Fontaine à Alcalá de la Jovada, où l'on peut voir le visage d'Al-Azrac, important guerrier musulman-alicantinien
   Bref, il y a plein d'endroits cachés à découvrir si nous sortons des routes habituelles.
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jeudi 5 janvier 2017

La cathédrale de Valencia, le Calice de la Cène et le Saint Graal

   La cathédrale de Valencia garde d’innombrables trésors qui ont été gagnés le long de ses 771 ans d’existence, dus au pouvoir politique de l’Église et à l’éclat des grands moments historiques à travers lesquels la ville est passée, concrètement à la fin du Moyen Âge où elle a vécu son siècle d’or. En fait, on a affirmé que cette cathédrale est l’une des plus riches au monde en ce qui concerne les reliques. Et la raison est assez curieuse : quand les rois aragonais avaient besoin d’argent pour financer ses campagnes militaires à travers la Méditerranéenne, le chapitre le leur fournissait. Et voilà ce qui lui est arrivé à Alphonse le Magnanime, qui, ne pouvant pas rembourser les 136.000 sous qui avaient été destinés à la guerre de Naples, rendit non seulement toutes les reliques qu’il avait obtenues dans ses péripéties, mais aussi celles qu’il avait hérité de ses ancêtres. 

La porte plus ancienne, celle de l'Almoina (l'aumône)
   Aujourd’hui la plus connue de ces reliques est le Calice de la Cène, le même que Jésus-Christ  utilisa, selon la tradition aragonaise, pour instituer le dogme de l’eucharistie avant sa mort.

   Mais, comment est le Calice arrivé aux mains des rois d’Aragon ? Et surtout, a cette histoire des fondements ? Alors…

   Selon la tradition aragonaise :

   Jésus est crucifié, jusqu’ici on connait bien les évènements; et, après sa mort, les apôtres distribuent entre eux les objets qui lui avaient appartenus et partent prêcher dans des différents coins du monde. Ce sera Saint Pierre, considéré par l’Église catholique comme le premier pape, qui portera le Calice jusqu’à Rome ; et il passera aux mains de ses successeurs… jusqu’à Sixte II. Voilà le temps où le christianisme était une activité à grand risque, car il était terriblement persécuté par l’empire romain. Sixte II décida de protéger ses reliques en les livrant à son diacre, Saint Laurent, natif d’un village près de Huesca. Quelques jours après, Sixte II meurt martyrisé (an 258) et son diacre décide d’expédier les reliques à ses parents en Espagne. Peu après, il est aussi martyrisé. Dans l’église Saint-Laurent-hors-les-murs de Rome il y avait un tableau qui montrait le moment où le diacre remettait les reliques à un légionnaire espagnol, mais il a été détruit dans un bombardement des alliés l’an 1943.

Porte de l'Almoina: détail
   Une fois dans la péninsule, le Calice commence son pèlerinage à travers les différentes cachettes jusqu’à l’arrivée des musulmans l’an 711, où l’on a peur à nouveau qu’il ne soit pas détruit. Cette fois, c’est l’évêque de Huesca qui prend les reliques avec lui et va se réfugier dans une grotte sur laquelle on bâtira le monastère de San Juan de la Peña. Et ce sont les troupes de Charlemagne (qui, par « hasard » traversaient le nord de l’Espagne) qui propagent la légende du Saint Graal en Europe. Les études sur ce sujet nous montrent l’influence de ce calice dans la littérature médiévale, plus précisément sur le Perceval de Chrétien de Troyes ou le Parzival de Wolfram von Eschenbach. Les chercheurs ont signalé des nombreuses coïncidences existant entre quelques fragments du roman et la réalité en ce qui concerne les lieux que Perceval traverse pour arriver jusqu’au Graal. En fait, il y a des correspondances très intéressantes entre la description des paysages et bâtiments dans le roman et l’environnement naturel et même l’architecture du monastère de San Juan de la Peña. 

   D’ailleurs, les rois d’Aragon avaient toujours eu un rapport spécial avec ce monastère. Le jour arriva où le roi Martin l’Humain, en 1399, prit avec lui le Calice et le déposa dans son palais de la Aljafería à Saragosse, puis dans celui de Barcelone, et finalement dans le palais de Valencia. D’ici, nous l’avons dit, il passera à la cathédrale de Valencia grâce au don d’Alphonse le Magnanime.


   Et depuis le XV siècle, le Calice a été très bien gardé quelque part dans la cathédrale (probablement dans la salle des reliques) jusqu’à ce qu’en 1916 on a décidé d’aménager la salle capitulaire pour l’abriter. 

Entrée à la chapelle du Saint Calice

    L’examen archéologique de la pièce lui donne une datation du I a. C.  

   Sans doute une extraordinaire histoire de plus de deux mille ans, qui sert à donner un grand attractif à la relique.

   Et pourtant, rien de tout cela n’importe d’un point de vue chrétien, car l’eucharistie est en elle-même un dogme, c’est-à-dire, une question de foi. Voilà pourquoi la coupe utilisée a peu d’intérêt en soi, puisque son contenu est toujours le sang du Christ.


   Une seule chose est sûre: le Calice se trouve dans le monument d’une énorme valeur artistique et historique qui est la cathédrale de Valencia. 

Voûte de la chapelle

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