mercredi 4 janvier 2017

Les châteaux de la vallée du Vinalopó

   Comment présenter une route des forteresses de la vallée du Vinalopó? Ce qui fait qu'ils soient différents  c'est leur histoire, leur raison d'être face aux évènements dont ils ont été le cadre.

Château de Biar, dans la vallée du Vinalopó

    Morphologiquement, ils sont des forteresses bâties sur la roche des promontoires. Même si aujourd'hui il n'est pas difficile d'y accéder, car on peut parfois arriver en voiture presque jusqu'à la porte, nous sommes étonnés si nous pensons aux conditions d'attaque de n'importe laquelle de ces forteresses, avec des soldats chargés avec ses armes, armures et tout genre de machinerie de guerre, qui devaient avancer péniblement le long des pentes escarpées.

Forteresse de Sax, vue du donjon

   Quant à leur origine, la plupart d'entre elles (probablement toutes) ont été crées dans le temps des almohades. Malhereusement ont connaît très peu cette époque-là. En fait, ce sont les presque huit siècles de gouvernement de la civilisation musulmane dans la péninsule ibérique qu'on méconnaît, grâce à la destruction par le feu de plus de 4000 livres et documents appartenant à l'histoire de cette brillante société, ordonnée par le cardinal Cisneros suite à la prise de Grenade en 1492. Certes, "nous savons que nous ne savons rien", ou peu de chose.

   Nous savons que l'empire des almohades, arrivés du nord de l'Afrique, venait substituer celui des almoravides, qui vivait des moments de déclin, et qu'ils étaient une sorte de guerriers austères et puritains. On sait aussi que c'était une époque instable, où les luttes internes étaient très fréquentes, et que le territoire se trouvait très fragmenté.

Forteresse de la Mola (Novelda). Ici on peut apprécier la technique du pisé et une inscription en arabe (encore à déchiffrer) dans la partie suppérieur à droite

   De cette époque on peut trouver encore des vestiges dans ces forteresses, où l'on remarque très bien la technique du pisé et les lignes qui ont été marquées par les coffrages. La forteresse n'était nécessairement pas, par rapport à la population qu'il protégeait, un endroit de résidence, mais un refuge. Les gens vivaient plutôt dans des "alquerías" (petit ensemble des maisons) des vallées, ce qui leur permettait d'être plus près de leur endroit de travail. Et alors, en cas d'attaque, on venait s'enfermer dans la forteresse, bien fournie (ou le mieux possible), avec de l'eau conservée dans des citernes creusées dans la roche et de l'espace pour garder le bétail. Ici, la forteresse fait partie d'un modèle d'auto-organisation.

   Des murs en pisé, des citernes et le "trésor": les voûtes almohades que nous pouvons trouver dans le premier étage de la tour de la forteresse de Villena et dans celle de Biar.

Voûte almohade dans la tour de la forteresse de Biar
   Et puis, toutes cettes forteresses coincident dans un cadre géographique bien défini: la vallée du Vinalopó, fleuve minuscule avec lequel les levantins espagnols ont su faire des merveilles, depuis l'usage agricole de l'antiquité jusqu'à l'industrie du papier et de la chaussure des derniers deux-cents ans. Cette vallée forme aussi un long couloir qui est devenu chemin direct entre le plateau castillan et la mer Méditerraneé et donc, un terrain convoité pout toute civilisation marchande, comme l'étaient la Castille et l'Aragon.
    
   Après la conquête chrétienne de la zone, les castillans et les aragonais ont réalisé, le long des siècles, tout type de réformes dans ces forteresses: ils ont détruit, bâti, ajouté, enlevé... actions qui ont changé notablement l'aspect qu'elles présentent aujourd'hui. Mais le fait le plus important, c'est que la vallée est devenue une zone de frontière, l'espace de choc entre trois forces: la castillane, l'aragonaise et la musulmane. Je renvoi à plus tard le sujet très fécond de la conquête et des luttes entre musulmans et chrétiens, et je me bornerais ici à rehausser l'aspect de limite, ou de forteresse comme facteur de délimitation servant à demontrer qui était le proprietaire de ces terres.

Forteresse de Biar
   Et ces terres sont vraiment passées dans beaucoup de mains. Pas seulement dans celles des couronnes de Castille et Aragon, mais aussi dans celles des seigneurs féodaux qui les avaient reçues en réconnaissance de leur aide pendant la conquête. Eux, à son tour, les ont vendues à d'autres seigneurs, et c'est ainsi qu'on trouve toute une série de personnages illustres qui y sont passés ou plutôt, qui ont possédé le territoire. La lignée des Manuel ou des Pacheco en sont deux exemples. Et pourtant, le plus souvent les forteresses étaient laissées sous la responsabilité d'un gouverneur qui y vivait, plus ou moins en solitude selon le moment historique, avec sa famille.

Vue panoramique de Biar, qui a toujours appartenu à la couronne d'Aragon


   Et voilà, on s'arrête ici aujourd'hui... à suivre prochainement.

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