vendredi 6 janvier 2017

Des roches, des montagnes... l'autre visage de la région de Valencia

  Quand on pense aux vacances ou au tourisme dans la région de Valencia (Espagne) les premières images qui nous viennent à l’assaut dans notre imaginaire sont celles concernant des plages d'eau transparente, des côtes, parfois des villes historiques comme Valencia, Elche ou Alicante, mais toujours avec la présence de la mer. c’est un paysage maritime.

   Ce que l’imaginaire touristique collectif semble ignorer, c’est que plus de la moitié du territoire de cette région se trouve à plus de 500 mètres au-dessus du niveau de la mer ; et, plus étonnant encore, un 20% au-dessus des 800 mètres.

La vallée d'Ebo, au nord de la province d'Alicante
   Il s’agit donc d’un territoire très rocheux, très montagneux, duquel on méconnait presque tout. Ici le tourisme devient une affaire d’étude ethnologique: comment vivent ces gens-là? (ou plus précisément, comment ont-ils vécu ?). En fait, l’élément le plus abondant dans cette partie du territoire est la pierre. Calcaire, pour être plus précis. Et il fallait en tirer du profit, bien sûr, dans une société qui n’a connu la culture de la consommation jusqu’après la moitié du XXème siècle. L’une des œuvres les plus étonnantes qu’on trouve dans les montagnes sont les terrasses, bâties sur des murs de soutènement faits avec de la pierre à sec (c’est-à-dire, sans aucune sorte de mortier), et qui permettaient tirer du profit d’espaces parfois très petits, parfois incroyables, pour y planter quelques caroubiers ou amandiers. Il y a des endroits où ces terrasses jalonnent des collines entières. Mais il fallait cultiver, et il  n’y avait pas de la place. En plus, ces murs empêchent l’érosion et créent un paysage spécial. 

Tourisme montagnard: l'âne-taxi

   Ce sont aussi des endroits isolés, où même l’électricité n’est arrivée que très tard. Villages et vallées étaient en quelque sorte connectées, mais ce n’était que par un réseau de chemins muletiers, aujourd’hui utilisés comme des sentiers de randonnée.


   Là on peut aussi trouver beaucoup de grottes, intéressantes d’un point de vue spéléologique et artistique, car plusieurs d’entre elles contiennent des peintures rupestres qui font partie d’un ensemble que l’UNESCO a déclaré « patrimoine de l’humanité » (art rupestre du Levant espagnol) et qui ont des caractéristiques propres.

La vallée d'Ebo sous le ciel


   C’est en plus le territoire qui a mieux gardé l’empreinte musulmane de la région. En fait, quand les principales villes du territoire ont été conquises par les chrétiens au XIIIème siècle, les musulmans sont allés chercher refuge dans ces montagnes, où ils se sont établis, et ils y sont restés jusqu’à l’arrêt d’expulsion de 1609, moment où maintes villages sont disparues, d’autres (encore sur place aujourd’hui) ont été abandonnées, et la plupart du territoire s’est dépeuplé. Ils ont laissé par contre un ample éventail de légendes de princesses qui gardent des trésors cachés, une façon de travailler la terre, des recettes de pâtisserie, et l’empreinte de la mémoire, représentée surtout dans les fêtes des Moros y Cristianos (Maures et Chrétiens), que chaque ville célèbre pour commémorer les batailles les plus importantes entre ces deux factions.

Fontaine à Alcalá de la Jovada, où l'on peut voir le visage d'Al-Azrac, important guerrier musulman-alicantinien
   Bref, il y a plein d'endroits cachés à découvrir si nous sortons des routes habituelles.

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